Table des matières
Introduction
La sotie hors du corps
Le tunnel
Les êtres de lumière
2014 : j’étais à la clinique des Cèdres, en banlieue toulousaine, pour une intervention chirurgicale. On m’endort. Puis, soudain, je sors de mon corps. Je me retrouve dans une autre vie, sur un autre plan de la réalité. Je vis une expérience singulière dont je n’ai pris pleinement conscience que cinq ans plus tard. Ce fut une expérience de mort qui a duré quelques instants ici-bas, mais une éternité dans l'au-delà.
Là-haut, j’ai rencontré des êtres de lumière et d’amour. J'ai reçu l’amour du divin, exploré mes vies antérieures et vécu le processus de création à l’échelle subatomique. J’ai reçu une connaissance universelle du cosmos et fait l'expérience du néant. À la fin de mon périple, j'ai entendu des hurlements et des cris terrifiants, sans pouvoir en localiser la source. Je me demandais si j'étais mort ou vivant.
Lorsque je suis revenu sur Terre, j’ai relégué cette expérience dans mon inconscient, pensant qu’il s’agissait d’une hallucination due aux produits anesthésiants. Mais cette expérience m’a poursuivi pendant cinq ans. Elle m’a complètement transformé. Ce n’est qu’en 2019 que j’ai pu l’accepter, comprendre les transformations qu’elle avait provoquées dans ma vie et réaliser que ces changements étaient irréversibles.
L’intervention a eu lieu un matin du printemps de 2014. Je me réveille vers six heures du matin, je m'habille, puis je m'allonge sur mon lit d'hôpital pour attendre qu'on vienne me chercher. À tour de rôle, chirurgien, anesthésiste et infirmières viennent dans ma chambre, les uns pour m’injecter des produits, les autres pour mesurer ma température et ma tension, d'autres encore pour me communiquer les dernières informations avant le départ vers le bloc opératoire. Le tour des brancardiers finit par arriver. Je suis conduit à la salle des opérations, via un long couloir.
J’arrive dans une salle exiguë attenante au bloc. Je dois y attendre que la place se libère pour rentrer dans la salle spacieuse du bloc. La température est exceptionnellement froide. Je suis bien couvert. J’attends. Mon tour arrive. On me conduit jusqu'au plateau opératoire. Il ressemble nettement à un hangar de transit. Des brancards sont rangés côte à côte, portant des corps humains en état d’endormissement artificiel. On attend qu’ils commencent à s'en réveiller pour les conduire dans la salle d’attente. Les brancardiers viendront les chercher pour les conduire dans leurs chambres.
Mon anesthésiste procède aux branchements nécessaires aux machines qui vont momentanément prendre le relais de mon cœur. Les produits éteignent mes derniers intercepteurs, l’un après l’autre. Je m'endors.
Je ne sais pas par quelle magie je me trouve hors de mon corps. Je me sens très léger. J'ai l'impression que je ne pèse pas un seul nanogramme. Curieux ! Je suis en train de pénétrer dans le mur de la salle. Je suis au milieu d'un tas de poussière. Le mur s'effondre sous mes yeux. Il vole en éclats. Je ne vois que de la poussière. Chose étrange, cette poussière ne se dirige pas vers le sol. Elle ne tombe pas. Elle semble échapper à la gravité. Le mur reste debout tout en volant en éclats. En réalité, cette poussière dans laquelle je nage est le tas de particules du mur en état d'effervescence. Ces particules sont en état de vibration.
Ces particules se croisent, se mêlent et se séparent dans un mouvement vif, trop rapide pour être suivi par mes « yeux ». Ils apparaissent et disparaissent. De là où je suis, au cœur de ces atomes, je distingue vaguement un flacon en verre, posé sur l'étagère la plus proche de moi. Il est comme derrière une nappe de poussière. Soudain, tout devient plus clair. Je suis dans le mur et j'aperçois le flacon, non pas depuis l'intérieur de la salle, mais depuis le mur. Je suis enterré dans le mur. Et c'est à partir du mur que je projette mon regard sur le flacon et l'étagère qui le porte. Et entre le flacon et moi, il existe ce voile transparent qui laisse filtrer l'image du flacon et de l'étagère. Ce voile laisse aussi filtrer l'image, très floue, du mobilier de la salle. Je distingue, quoique difficilement, d'autres étagères et les accessoires de chirurgie posés dessus. Je distingue aussi les portes des placards fermées. Tout apparaît et disparaît, se rapproche ou s'éloigne, comme dans un rêve. Je ne suis pas maître de la situation. Je subis le ballet mouvant des images et des sons à cette échelle atomique.
Je distingue un tout petit rond de lumière. J'ai l'impression de monter vers cette lumière avec une vitesse dépassant l'entendement. Plus je monte, plus grand devient ce rond lumineux. En fait, plus ce rond lumineux s'agrandit, plus je réalise que je monte. Logique. Là, je sais que je suis dans un tunnel. Cela devient une évidence.
De surcroît, je sais maintenant que j'évolue dans un tunnel cylindrique, puisque la lumière tout au bout est ronde. Donc, c'est bien le fameux tunnel de la mort dont parlent nos ancêtres, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais cru à cette histoire. Eh bien, j'y suis ! Une amie m'en avait parlé en 1994. Elle m'a parlé d'un présumé tunnel noir par où l'on passe tous, une fois qu'on est mort. J'avais souri à l'époque en lui rétorquant : « Mais comment le sais-tu ? Tu l'as vu de tes propres yeux ? ». J'appartenais à cette race de gens qui ne croient que ce qu'ils voient. Eh bien, maintenant je le vois et, pire, je suis dedans.
Il n'y a personne à côté. C'est hyper silencieux. C'est calme. Pas un seul bruit. On dirait le néant. C'est très vaste. Je ne vois pas la paroi. Je ne peux rien voir de ce qui m'entoure. Ça va vite, très vite même. Je pénètre un monde nouveau, curieux et intriguant. Un monde que je n'ai jamais vu. Un monde dont je ne soupçonnais nullement l'existence. Ça y est, j'arrive au bout du tunnel. La petite lumière est devenue géante. En réalité, elle l'était géante depuis tout à l'heure. Sauf que j'étais loin, très loin. À quelle distance ? Mille, dix mille, un million de kilomètres ? Je la voyais petite et rende. Maintenant, je réalise qu'elle n'est ni petite, ni ronde. Que vous dire ? Elle est d'une grandeur inégalée. C'est comme un volcan immense d'où jaillissent des flammes blanches. Ces flammes montent très haut, s'étendent sur un très grand rayon, puis disparaissent dans l'horizon pour laisser place aux flammes d'amour suivantes qui sortent de ce volcan.
Je pénètre ce gros volcan d'amour. Mon corps (je dois dire ma conscience, car mon vrai corps est resté sur Terre. Je dois être à des millions d’années-lumière. Qui sait ?!) se laisse transporter par les flammes blanches. Il se laisse traverser par une suite de vibrations qui m'envoient des décharges émotionnelles d'une intensité orgasmique exceptionnelle. Ces sensations sont d'une intensité inégalée et d'une puissance valant dix mille fois une sensation orgasmique normale.
Mon corps (ma conscience), ou plutôt ce tout petit corps invisible à l’œil nu, que je suis maintenant, se laisse transporter par les vagues de ce géant volcan sans résistance aucune. À présent, je « nage » dans ce volcan d'énergie, comme si j'étais au fond de l'eau dans une mer relativement calme. Je me laisse transporter par l'eau et je vacille au gré de ses courants. Enfin, ce qui était juste un trou lumineux, pointant en haut du tunnel, est maintenant bel et bien un volcan d'amour universel. Je baigne dedans tel un oiseau traversant de ses ailes un gros nuage. C'est le bien-être à l'état parfait.
La blancheur de cette lumière volcanique ressemble à la blancheur du coton pur. Elle est différente de la blancheur lisse et un peu transparente d’une lune traversant le ciel en pleine journée. Elle ne ressemble pas à la lumière éblouissante du soleil, d’où jaillissent des rayons dont on protège ses yeux. C’est une lumière qui, à double titre, fait penser au coton pur. Elle m’y fait penser par sa couleur. C’est du blanc pur. Mais elle m’y fait penser aussi par sa texture délicate et agréable. La majorité des expérienceurs parlent de lumière cotonneuse. Ils décrivent bien cette sensation agréable, douce, aimante, protectrice et enveloppante que nous donne cette lumière. C’est une lumière divine. Elle me traverse. Elle est en moi et je suis en elle. On se confond tous les deux, on se mélange, on s’imbrique, on fusionne. Je ne vois plus cette lumière comme quand j’étais au fond du tunnel. Maintenant, je la vis en moi. Je la respire. Je baigne dedans. Débarrassé de mon corps, tout est devenu possible pour moi. C’est la magie de l’univers. Je ne suis plus le patient que j’étais. Je ne suis plus le malade qui a besoin d’être soigné. Je ne manque absolument de rien, ici. J’ai tout. Je suis tout.
Je suis parfaitement conscient et lucide. L'effet de brouillard de ce nouvel espace m'empêche certes de distinguer des corps ou des objets, mais j'ai la conscience pleinement lucide. Ce feu ne ressemble ni à la lumière solaire ni à celle de la lune. Il ne ressemble qu'à lui-même, donc à rien d'autre. On a beau chercher des analogies pour mieux le présenter et le rapprocher de la perception de notre mental. En vain. Ce feu, cette lumière, cet amour, cette montagne d'ondes et de vibrations ne ressemble qu'à elle-même et à rien d'autre. Je suis dans un monde nouveau, un monde que je n'ai jamais vu auparavant. Je suis dans un espace qu'aucune culture ne m'a décrit sur Terre. Je dois me rendre à l'évidence : je suis dans un endroit qui n'est pas la Terre. Je suis dans ce qu'on appelle communément l'au-delà.
J'ai laissé le tunnel derrière moi. Je ne suis pas pressé d'y retourner. Chose étrange, je ne suis pas anxieux. Je ne suis pas paniqué. J'avance dans cet espace extraordinaire comme l'énergie vibratoire me pousse. Je ne marche pas. Je ne possède ni pieds ni jambes. Et puis, il n'y a pas d'espace. Pour aller d'un endroit à un autre, il suffit que j'y pense, et c'est fait. Il n'y a pas de distance à parcourir. Je découvre qu'avec ma conscience, je peux me déplacer où je veux, comme je veux, sans limite. Je sais que j'ai visité plusieurs endroits dans l'univers. Je le sais parce que je le sens. C'est enregistré dans ma mémoire profonde. J'ai beau essayer de m'en souvenir, ce n'est pas évident. J'étais dans une autre dimension et, hélas, je n'ai pas su ramener dans mes bagages beaucoup de souvenirs précis de ce voyage au fin fond de l'univers.
Je distingue vaguement des formes. Elles sont de différentes tailles. Il y a comme un brouillard qui colonise l'espace. Il laisse filtrer des visages. J'en distingue, non sans peine, ceux de mes proches. Je reçois un message d'amour, de bienveillance et d'empathie. Je distingue les visages de mon grand-père maternel, de mon père et de mon oncle. Tous les trois sont décédés. Il me semble aussi distinguer le visage d'un oncle de ma mère. Lui aussi est décédé. Je vois d'autres êtres que je ne peux pas identifier clairement ni avec certitude. Toujours est-il que, identifiés ou pas, le point commun de tous ces êtres est cette énergie d'amour qu'ils dégagent généreusement. Je la reçois pleinement dans ma conscience. Ces êtres sont en paix. Ils sont accueillants et aimants. Ils sont venus tous pour m'accueillir et me rassurer.
Là, je viens de changer de plan. Je suis monté plus haut. Maintenant, je traverse un plan de l'univers où tout, absolument tout ce qui m'entoure, de près ou de loin, vibre. Je vois des atomes de toutes les couleurs, de toutes les formes, en vibration permanente. Curieux, on dirait qu'ils dansent ! Ils vibrent en suivant une harmonie absolument prodigieuse. C'est la symphonie de l'univers. Je l'écoute à présent. Je vibre avec. Je la sens me traverser de la tête aux pieds. Les particules suivent ce chant symphonique et produisent des vibrations qui les font apparaître, puis disparaître pour réapparaître de nouveau. Par moments, des images fractales se dessinent dans mon champ visuel. J'ai l'impression que ce sont les atomes qui se regroupent et donnent lieu à différentes formes. Ces formes se créent puis disparaissent. Et c'est la musique qui met tout ce monde en mouvement. C'est fabuleux !
Tout ce spectacle se déroule dans une ambiance lumineuse et très agréable. Je sens un amour divin, sans limite. Je suis porté dans un monde de rêves, mais réel. Un monde qui fait du rêve une réalité émouvante. J'ai du mal à fixer une image pour longtemps. Les événements s'enchaînent et s'accélèrent. Je forme un tout avec ce monde qui m'entoure. Je fais un avec ces belles formes où les particules les plus fines s’entrelacent, s'imbriquent, et se lient entre elles. En les regardant faire, je sais que je suis en train de vivre, de près, le processus de création. Je sais que ces mouvements vibratoires sont à l'origine de ces infimes particules. Celles-ci vibrent au rythme de cette musique symphonique et se recréent, se reproduisent. Elles disparaissent puis réapparaissent sous une autre forme.
Je survole un vaste champ couvert de très belles couleurs. Leur aspect est extrêmement différent des couleurs de la Terre. Elles sont très intenses, brillantes, mais également très douces et tendres. J’observe des particules microscopiques en vibration. J’en distingue des fleurs et des papillons. J’ai l’impression que l’univers chante et vibre en permanence. Tout vibre autour de moi. Je vois des fleurs de toutes les couleurs et senteurs, chatouillées par des papillons qui volent autour. C’est un univers de rêve. C’est le beau à l’état parfait.
J'ai l'impression d'être monté encore plus haut. J'arrive à un endroit sombre. On dirait qu'il fait nuit. L'espace est tout noir, mais les formes qui peuplent cet espace sont lumineuses. Je vois de très belles couleurs brillantes et lumineuses. Les couleurs que j’ai vues tout à l'heure étaient du genre pastel. Celles-ci, en revanche, sont très brillantes. Leur brillance traverse les formes lumineuses qui m'entourent. Et maintenant, je deviens petit, très petit. Je suis en train de frayer un chemin parmi des plantes touffues et entremêlées. Je vois devant, derrière, partout. J'avance au milieu de cette forêt magique.
Stop ! Mais qu'est-ce que je vois ? Une forme, on dirait une tige, qui est en train de naître. Elle vibre. Elle grandit. Oh, tiens, une feuille toute petite pousse sur la tige. Elle sort. Elle vibre et, en vibrant, elle s'étend. En voilà une deuxième feuille, puis une troisième, etc. C'est magique. Vous imaginez ?! Je vois de mes propres yeux le processus de création de la vie. Fabuleux !
C'est inhabituel ! C'est inédit ! C'est surprenant ! Là, je suis transformé en papillon. Là, je suis en train de bouger mes ailes. Elles sont étendues. Mon corps est très petit et léger. Je vole. Je sursaute au milieu de ces magnifiques tiges. Je me déplace d'une fleur à une autre. Ah, tiens. Je ne suis pas seul. D'autres papillons s'approchent de moi. Ils sont tout près. Certains se posent sur des fleurs, et d'autres continuent à voler.
Mais j'hallucine ou quoi ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je ne suis plus papillon. J'ai arrêté de voler. Mes copains papillons sont toujours là, mais moi, je ne suis plus comme eux. Je suis une fleur. Vous entendez ? Je deviens une fleur et, de l'intérieur, je vois les feuilles qui m'entourent. Je suis dans un corps transparent. Je vois, comme à travers une vitre, les fleurs accrochées à mon corps. On vibre toutes sur les notes de la symphonie. Ah, tiens, un papillon s'approche. Il est en train de se poser sur la fleur qui se trouve à mes côtés. Il me regarde. Je distingue nettement ses yeux. Il s'en va. Quel véritable spectacle de magie !
Cette expérience fut singulière. J’ai pu vivre, de l'intérieur, le processus naturel de la création. Par « l’incorporation » d’un papillon et d’une fleur, j’ai vécu de l’intérieur la création permanente au niveau subatomique. J’ai pris conscience que c’est par la vibration des atomes ou de leurs composants encore plus fins que l’énergie se crée. Cette énergie ne se crée pas seule, ni n’importe comment. Elle suit un rythme et une harmonie grâce à l’apport de la musique. C’est en chantant que l’univers crée. C’est curieux, mais il me semble que c’est ainsi que l’univers fonctionne.
Ça y est. Ma balade dans ce paradis nocturne touche à sa fin. Je suis redevenu moi-même. Je ne suis plus ni papillon ni fleur. Je suis redevenu moi, c'est-à-dire cette conscience qui se promène dans l'univers comme bon lui semble. Je quitte cet endroit et me dirige vers la sortie. De loin, je visualise une grande fleur magnifique. Je la fixe. Elle présente des feuilles d’un rouge éclatant ; certaines tendent vers le noir à certains endroits. Qu'est-ce qu'elle représente pour moi ? Pourquoi est-ce que je la fixe ? Je ne sais pas. Elle est gravée dans ma mémoire. Je n'ai jamais su pour quelle raison. La seule chose que j'ai remarquée est qu'elle ne semblait pas vibrer comme les autres. Mais j'en étais loin pour observer avec précision son état. Je m'en vais.
Ho là là ! Où suis-je ? Mon Dieu ! Mais je suis monté encore plus haut et plus loin. Je ne vois plus aucune forme. Je suis comme suspendu dans un grand vide. On dirait qu'il fait jour, mais c'est un jour bizarre. Il n'y a pas de soleil pour l'éclairer. J'ai l'impression de voir. Mais voir quoi ? Rien. C'est curieux. C'est intriguant. Je suis dans un endroit où je vois tout, mais ce « tout » est "rien", absolument rien. Il n'y a pas de formes, pas d'arbres, pas de fleurs, pas d'êtres vivants, pas de planètes, pas d'étoiles. Rien.
Le tunnel que j'ai traversé, la lumière dans laquelle j'ai vibré, les êtres que j'ai rencontrés, mes proches et les autres, tout cela est resté dans les plans inférieurs. Je suis monté très haut, à des millions d'années-lumière. Je suis dans un endroit vide. Est-ce le néant ? Mais qu'est-ce que je suis en train de vivre ? N'est-ce pas trop pour un être simple ? Si je suis monté jusqu'au néant, il y aurait de quoi perdre la raison. Mais comment peut-on vivre dans le néant, alors qu'il n'existe pas ? Quoique... Je ne peux pas dire qu'il n'existe pas, puisque j'y suis à présent. Et j'y suis jusqu'au cou !
Je ne suis plus soumis à aucune force gravitationnelle. Je vais seul dans ce néant gigantesque. Je vois constamment à 360°, comme lorsque j'étais dans les plans inférieurs, mais là, je ne vois que le vide. Et quand je dis « vide », c'est vraiment vide. Je vois le « rien », mais je vois. Je ne peux pas dire que je ne vois rien. Je vois plutôt le « rien » en chair et en os.
L'univers est extrêmement vaste, mais il n'y a rien autour, ni à l'horizon. Il n'y a rien qui vibre. C'est le calme plat. Pas de particule, pas d'atome, pas d'énergie, pas de lumière, absolument rien. La question : et moi dans ce vide ? J'existe ou pas ?
À la différence des émotions que j'avais eues sur les plans inférieurs — sentiment d'amour, de bienveillance, d'empathie, etc. — ici, dans ce vaste champ du vide, je ne ressens rien du tout. Pas une seule émotion, infime soit-elle. Puis-je conclure que je suis, à ce moment, vide ; vide de sentiments et de tout ? Il y a de quoi « perdre la boussole ». Comment intégrer que je sois une « chose » vide dans un « néant » vide ? Il est impensable pour le langage terrien de rapprocher cette expérience de l'entendement humain.
Je regarde en dessous de moi. Je ne vois rien. Je ne suis pas porté par un support qui serait en dessous de mon corps. Je ne suis pas non plus suspendu à un support qui serait au-dessus de moi. Je suis sur le vide. Je suis dans le vide. Tout ce qui m'entoure, c'est du vide. Et c'est extrêmement vaste. Je regarde loin. Il n'y a rien. À la différence de l'épisode où je survolais le champ paradisiaque, ici, je ne vole pas. Je ne bouge pas. Je ne vibre pas. Je ne fais rien, absolument rien. Je fais l'expérience du vide. Pas un nuage à l'horizon, pas un oiseau qui vole, pas un satellite, pas une étoile, pas une couleur, pas un vent, pas une montagne, pas une vallée, pas un brouillard, pas un papillon, pas une fleur, rien.
Je suis monté très haut. Je suis loin de tout. Je suis dans un des plans les plus lointains, les plus hauts, où rien, absolument rien ne se passe. Mais bizarrement, je ne ressens aucune panique, aucune inquiétude, aucune peur. Je ne ressens pas d'assurance ni de sérénité non plus. Je ne ressens rien, ou plutôt, je ressens le « rien », le « vide », le « néant ». Mon humble conclusion : le néant existe et c'est ce que je vis à présent.
Tout à l'heure, j'étais sur un plan inférieur où je voyais la vie. J'apercevais du mouvement : le mouvement des êtres de lumière, le mouvement des particules de l'univers. Je voyais la vie dans le mouvement de disparition et d'apparition, de dislocation et de régénérescence des atomes et de leurs composantes. Je voyais la vie aussi dans les fils ou les « cordes » qui les relient, car rien n'est isolé. Tout est lié à tout. Je voyais le changement et l'évolution de la particule d'un état à un autre. Moi-même, je vivais et je changeais. Je passais d'un état à un autre. Je survolais le champ du paradis, j'incarnais des êtres vivants, d'abord un papillon puis une fleur. Je mémorisais les événements. La preuve est que je suis en train de les relater. Or, ici, dans ce vaste néant, il n'y a absolument rien que je puisse mémoriser. Il n'y a pas de mouvement, pas de changement, pas de vie. Aucune image n'est mémorisable puisqu'il n'y a rien. Et ce « rien » possède cette spécificité qu'il ne peut en aucun cas se transformer en image ou avoir une forme. Et le comble, moi qui suis censé mémoriser quelque chose, je suis vide. Il n'y a rien en moi. Je fais partie de ce néant. Je le suis à présent.
Je peine à décrire ce que je vis en cet instant. Bon. Mais je ne vais pas dire que le néant est noir alors qu'il ne l'est pas. Je ne vais pas dire qu'il est transparent alors qu'il ne l'est pas. C'est le néant qui ne ressemble à rien d'autre, même pas à lui-même.
Vous constaterez que parler du néant met le mental à rude épreuve. Le cerveau a beau essayer de chercher des analogies, des ressemblances, des antagonismes, etc., en vain. C'est une belle torture qui n'a de remède que le silence, le silence du langage et le silence de la pensée. Il n'y a que dans le silence que je ressens cet instant du néant universel. Et il est vraiment vide.
J'arrive dans un endroit qui ressemble bien à l'espace où mes proches m'ont accueilli tout à l'heure. Et justement, l'un d'eux est là : mon grand-père maternel. Il est entouré de trois autres êtres. Je ne les connais pas. Probablement, je les ai identifiés sur-le-champ, mais je n'ai rien conservé dans ma mémoire les concernant. L’atmosphère est calme. Il fait un peu sombre. J’ai l’impression qu’une lumière vacillante, comme celle d’un feu de bougie, éclaire légèrement les visages de ces êtres, ou du moins ce qui s’apparente à des visages. Les êtres ont l'air assis. Devant eux, j'aperçois un grand livre ouvert, posé sur ce qui ressemble à une table basse. Le livre est gigantesque.
L'un d'eux tourne les pages de ce livre. Ces pages contiennent l’histoire de mes vies, me disent-ils. Plus ils tournent de pages, plus je vois mes vies défiler devant mes yeux. C'est intriguant. Ils semblent tout connaître de moi. Seraient-ils des guides ? J'ai l'impression qu'ils savent tout de mon parcours dans l'univers. J’apprends que ma vie actuelle ne se limite pas à celle que je vis sur Terre. Celle-ci n'est qu'un épisode dans une succession infinie de vies. Je découvre également que je n'étais pas seulement un homme. J'ai été aussi une femme. Tels sont les rares souvenirs que je conserve de ce face-à-face. Il me semble aussi que, dans l'une de mes vies antérieures, j'étais un animal. Je ne m'y attarde pas. Pour être honnête, ces souvenirs sont confus.
Après le grand livre, on me fait visiter un endroit où sont rangées mes vies côte à côte : mes vies antérieures et mes vies à venir. Curieux ! Je me trouve devant un meuble de rangement avec des cintres et des boîtes. Chaque cintre, chaque boîte contient une mémoire de mon parcours. Cet endroit est plus sombre que le premier. Il est si mal éclairé que j’ai du mal à distinguer les cintres suspendus et les boîtes empilées.
Arrive alors le moment fatidique : le jugement, ou plutôt l'auto-jugement. Je vois défiler mes erreurs, commises sur Terre. Je m'arrête sur un passage où, sur Terre, j'avais abandonné une fille très proche de moi, sans la prévenir. Elle avait beaucoup souffert à cause de moi. J'étais responsable de cette souffrance qui avait duré des années, m'a-t-on rapporté.
Là, je ne suis plus moi-même. Je suis cette fille. Je porte exactement l'une des robes qu'elle portait quand je l'avais connue. C'est épouvantable ce que je ressens : une angoisse intense et une déprime terrifiante. Je n'aurais pas de mots justes pour décrire ce qu'on appelle la souffrance ou la nuit de l'âme. Je sens une tristesse qui me déchiquette le cœur, une douleur qui traverse tout mon être. Je sens des lames qui découpent mes tripes. J'éprouve une grande amertume et beaucoup, beaucoup, beaucoup de regrets. Je ressens énormément de culpabilité.
Je suis entièrement nu et désarmé face à cette douleur de l'âme. Je n'ai pas mon mental pour m'aider, pour me permettre de penser à autre chose, ou pour trouver des arguments ou des excuses. Je n'ai aucun moyen d'y échapper. C'est évident, puisque c'est moi-même qui me « punis ». On peut fuir un tortionnaire, mais pas lorsqu’on est soi-même son tortionnaire.
Chose étrange : je vis une dualité. Je ressens ces émotions « d'enfer », tout en étant moi-même deux : elle et moi, la victime et le coupable. Je ressens exactement ce qu'elle a dû endurer après que je l'ai quittée sans la prévenir. Je ressens sa tristesse, son angoisse, et « en même temps » mon amertume et ma culpabilité. Somme toute, suis-je un seul être ? Ou deux ? Non. Assurément, je ne suis ni un, ni deux. En effet, ces notions de quantité sont des notions typiquement terriennes. Ici, devant ce volumineux livre karmique, je ne suis pas sur Terre et je ne suis pas un humain. Je suis une pure conscience, une pure information. À ce titre, je suis les deux à la fois. Puis, selon l'émotion du moment, je suis tantôt elle, tantôt moi. C'est cela, la magie de l'univers.
Après cette scène de torture de l'âme, il y a eu d'autres scènes d'incarnation de différents personnages, dont l'un de mes frères. Mais mes souvenirs sont flous, trop épars pour en donner une restitution complète et cohérente.
Je reviens à mes êtres. Je disais que, contre toute attente, ils ne me culpabilisent pas. Ils ne me jugent pas non plus. Au contraire, ils m’envoient une grande empathie et beaucoup de tolérance. Je ne ressens aucun reproche de leur part, mais plutôt un profond sens de responsabilité. Je développe une nouvelle vision de la responsabilité. J'y reviendrai un peu plus loin.
Je quitte ce tribunal de l'âme et me retrouve avec un être qui surgit de nulle part et m'ordonne de le suivre.
Je me retrouve face à un être qui se charge de me « guider » à un endroit où je dois a priori découvrir un mystère. Ce guide surgit de nulle part. Il possède une forme. Mais à peine, je distingue son visage et la partie supérieure de ce qui semble être son thorax. Il y a beaucoup de brouillard et je peine à en avoir une vision nette. Nous sommes sur un nuage extrêmement dense. Nous sommes comme suspendus tous les deux dans ce brouillard très dense.
Il me dit : « Suis-moi ». Je m'exécute. Mais, comme je n'ai pas mes pieds, ni mes jambes, étant donné que j'ai tout laissé en clinique, je ne peux pas marcher sur ses pas. Je n'ai pas non plus d'ailes. Je ne peux pas voler. Résultat, je me déplace sans savoir comment, ni par quel moyen. On arrive, tous les deux, devant un petit panneau où je distingue, non sans peine, des symboles. En effet, un brouillard extrêmement dense balaye le panneau par vagues et m'empêche de voir avec précision ce qui est écrit. Les symboles que mes yeux arrivent à fixer, malgré tout, ressemblent bien à des chiffres et à des lettres. On dirait une formule mathématique.
Je regarde cette formule et prête attention à mon guide pour entendre ce qu'il va me révéler. Il me dit : « Tu veux connaître le mystère de l'univers ? Le voici. Ce que tu vois, c'est « l'équation » de tout l'univers ». Je l'écoute et continue à examiner ces symboles. À ce moment, toute la connaissance de l'univers se décharge en moi. Je sais à présent de quoi est fait l'univers, notre univers. Je sais comment il fonctionne, de la plus fine particule à la plus grande de ses galaxies. Waouh ! Mais qu'est-ce qui m'arrive ?! C'est un véritable délire. C'est un véritable choc séismique.
Jamais je n'aurais imaginé accueillir cette connaissance que des générations et des générations de scientifiques sur Terre se battent pour avoir. Comme quoi, il suffit de sortir de ce corps qui m'emprisonnait, il suffit de quitter cette société pleine d'illusions, pour voir de quoi l'univers est fait. Pas besoin de collège, d'université ou de laboratoire de recherche. Tout est à portée de main. Il suffit de le vouloir pour l'avoir. L'univers est merveilleux. C'est tout le contraire de ce qu'on nous apprend ici sur Terre depuis deux cent vingt mille ans.
Waouh ! C'est indescriptible ! Quelle magie ! C'est de la fiction ! Qu'est-ce que je vois ?! Des combinaisons de symboles arrivent dans ma direction. Chaque combinaison indique une science particulière. Elles traversent cette couche de brouillard dense. Elles apparaissent, puis disparaissent. Je peine à les fixer. Beaucoup de brouillard m'en empêche. Ça y est. Elles sont là, juste devant moi à quelques mètres. Mais qu'est-ce qu'elles sont en train de faire ?! Je frotte mes yeux pour mieux voir.
Parallèlement à ce défilé de la connaissance devant mes yeux, j'aperçois de l'information partout. C'est magnifique ! Mon « guide » me dit : « Tu vois ? Maintenant, tu as tout compris ». À ce moment, l'univers me paraît tout clair, tout transparent. Il n'a plus de mystère pour moi. Je vois comment il fonctionne, de quoi il est fait. Je sens un apaisement profond. Je ressens une grande joie de vivre ce moment de vérité. Je me sens très près de la puissance de création. Mieux encore, je me sens faisant partie de cette puissance.
Je n'ai pas développé ces informations dans mes premiers témoignages. Je peinais à les admettre. Ces informations me revenaient en mémoire avec insistance, mais je les repoussais. Ma rationalité m'interdisait de me prendre au sérieux. Je préférais les considérer comme des illusions, des hallucinations. Quand bien même j'admettrais que ce sont de vraies informations, je n'oserais jamais les révéler. J'avais peur du jugement des gens. Plus maintenant. Avec le temps, je me suis affranchi de cette peur. Je m'en suis affranchi, uniquement en cessant de penser que je devais valider mes révélations par les gens qui m'entourent. Ils n'ont pas vécu cette expérience – réelle ou illusoire d'ailleurs - ; résultat, ils n'ont rien à valider. Je la partage et chacun se fera son idée. Mon angle de vue a changé.
Sur Terre, on se bat pour connaître la vérité de notre univers et on n'est toujours pas arrivé, alors qu'ici, pas besoin de réfléchir. La vérité nous vient spontanément. On ne réfléchit pas, on sait, c'est tout. La vérité nous est révélée par la conscience. Et la conscience n'est autre chose que cette vérité elle-même. La conscience s'identifie à chaque moment de l'univers. Elle incarne chaque infime composante cosmique. La conscience et l'univers sont une seule et même chose.
Ils n'ont pas tort non plus ceux qui soutiennent que la vérité nous vient par l'intuition. L'expérience des grands savants le prouve. C'est souvent quand ils arrêtent de réfléchir, qu'ils trouvent les réponses recherchées.
Ici, tout est différent. Tout est organisé selon la loi de l'amour absolu. On accède à la connaissance de l'univers par l'amour. C'est cette énergie qui le fonde et le fait fonctionner. Pas besoin de réfléchir. Il faut aimer et tout devient transparent, lumineux, accessible et à portée de main. Il suffit d'aimer et tout devient possible. Pas besoin d'élites savantes ou de laboratoires de recherche pour avoir accès à la connaissance. Il suffit d'être dans l'amour absolu. Je veux dire par là, qu'on peut ne pas y être. Pourquoi ? La réponse est juste après.
L'enfer
L’être à ma gauche s’évapore. Je ne le vois plus. Je n’entends plus sa voix. Habité par cette sérénité que me procure ma nouvelle connaissance de l’univers, j’entame la descente vers la Terre. Je pénètre dans le tunnel. Je le traverse dans le sens du retour. Je suis dans un noir total. J'ai l'impression que c'est plus lent que quand je montais. Je ne sens pas d’accélération. Là, peu à peu, je commence à m'interroger : suis-je mort ou vivant ? Effectivement, un doute s'installe en moi. Je sens comme une peur qui me traverse. Je m'interroge : où suis-je ? Je regarde tout autour. Il n'y a rien qui puisse m'indiquer où je suis. Je m'inquiète tout en continuant à descendre. Mais où vais-je ?
Je ne vois pas de fond. Je ne vois pas de lumière quelque part pouvant m'indiquer un chemin ou un horizon. C'est très angoissant. Je me réinterroge. Tantôt, je pense que je suis mort. Tantôt, je pense que je suis vivant. Je ne vois pas de signe de vie dans cette obscurité. Je continue à descendre. Je me demande : « c'est ça, la mort ? » « Bizarre ! » Je ne vois personne dans ce tunnel. Je suis seul, absolument seul. Ce n'est pas rassurant.
J'ai l'impression que ma conscience est en train de changer. Contrairement à tout à l'heure, où je subissais les événements, je les vivais sans réfléchir, cette fois, je réfléchis et me pose des questions. Et contrairement à tout à l'heure, où je recevais des réponses à tout, sans même me poser de questions, maintenant, je me pose des questions, mais je n’ai pas de réponses. J'ai changé de plan. Je continue à descendre.
Oh, qu'est-ce que j'entends ? Une sorte de bruit lointain brise ce silence effroyable dans lequel je suis. On dirait des cris, des hurlements. Je poursuis ma descente. Oh là là. C'est terrifiant ! Ça fait peur ! Ce sont des cris réels. Ce sont des hurlements d'humains. Je les entends. Mais où sont-ils ?
Oh, que c'est très lent ! À la montée, tout allait vite, très vite même. Mais maintenant, c'est très lent. Je suis certainement revenu à une fréquence lourde, où tout se passe très lentement. Mais autant tout à l'heure, j'étais comme dans un paradis, autant, maintenant, je m'inquiète réellement. Non, il faut que je sache. Suis-je mort ? Admettons. Mais où vais-je là ?
J'ai réellement peur. Qu'est-ce que va se passer pour moi ? Je suis extrêmement solitaire dans ce tunnel ténébreux. Et je continue à entendre les hurlements terrifiants, mais toujours à la même distance. C'est la seule chose qui me procure un brin d'assurance. Si les cris devenaient plus puissants, je pourrais supposer que je m'y approche. Non, ce n'est pas le cas. Ouf !
Bon, maintenant, je sais au moins qu'il y a des morts. J'en suis conscient. Mais alors, suis-je vivant ou mort ? De quel côté suis-je à présent ? Je ne sais toujours pas. C'est très angoissant.
Je ne peux strictement rien faire. Je ne peux rien changer dans cet instant. Il est là, il s'impose à moi. Je ne peux absolument rien changer, puisque je n'ai toujours pas de corps. Je n'ai pas non plus de cerveau actif pour prendre des décisions après avoir analysé la situation et les différentes issues possibles. Je n'ai pas d'histoire. Je suis coupé de mon passé et de toutes mes expériences. Alors, sur quoi pourrais-je m'appuyer pour comprendre ce qui m'arrive et le surpasser si je peux ? Sur rien. Je suis comme une partie de moi qui se trouve passive et démunie dans un tunnel très long et très profond sans possibilité d'en sortir.
Où sont passés les moments agréables et prodigieux que j'ai passés là-haut ? Où sont passées les fleurs, les papillons, les nuages que j'ai survolés, la lumière, l'énergie d'amour, les êtres qui m'ont accueilli dans l'empathie et dans la bienveillance ? Où est passé ce dôme d'amour divin qui m'a complètement guéri en m'envoyant une énergie phénoménale d'amour et de bienveillance ? Et où est passé mon guide ? Celui qui m'a mis sur le chemin de la véritable connaissance de l'univers, notre patrie à tous. Je ne vois rien, ni personne dans ce tunnel ténébreux.
Étonnant, le même tunnel qui mène à l'amour, mène à la peur la plus effroyable ! Mais on ne le traverse pas de la même façon, pas avec les mêmes émotions, pas avec la même vitesse. À l'allée, je montais vers la lumière, avec une vitesse de lumière. Au retour, je descends lentement et j'ai vraiment le temps de vivre une des angoisses les plus terrifiantes de ma vie.
À l'allée, je montais voir le paradis, avec ses champs floraux, ses lumières, ses créatures, ses êtres heureux, ses papillons, ses couleurs, ses chants symphoniques, et au retour, je descends vers un enfer, gluant, noir, terrifiant, où gémiraient des êtres en souffrance.
Ouf ! Je ne sais pas par quelle magie, j'ouvre une porte étroite qui donne accès à la salle opératoire. Je la referme vite derrière moi et me retrouve en pleine lumière du bloc. Quel soulagement ! Je sais, à ce moment, que j'ai refermé la porte de la mort. Derrière, les cris et les hurlements se poursuivent. Je les entends encore. Mais je suis comme un miraculé. Je suis en vie.
J’arrive en salle d’opération. Je pénètre dans mon corps par la tête, dans un bruit ressemblant à celui d’une benne de camion déversant de grosses pierres. Je le traverse dans un mouvement en dents de scie. Je sens la densité de la chair. Ça y est, j'arrive. Je suis à nouveau dans mon corps. Je sens du mouvement autour de moi, mais c'est très confus.
Curieusement, je perçois une joie de retourner à la vie. Certains revenants de la mort disent sentir une colère ou un regret après leur retour à la vie, mais pas moi. J’ai vécu une expérience passionnante dans l’au-delà, mais je suis content de renouer avec la vie.
L’anesthésiste me réveille. Je me sens envahi d’amour et d’envie de le partager et d’aimer. J’ai envie de l’exprimer. Je suis un être tout à fait différent. Je ne me reconnais pas. Moi qui suis de nature réservée, je commence à parler sans cesse. Je prononce de très belles paroles à la personne qui m’accompagne dans mon réveil. Je me souviens de lui avoir dit : « Merci infiniment pour m’avoir sauvé la vie ». J’avais réellement le sentiment que je revenais de la mort.
Entre le réveil et le sommeil, j’arrive à voir les brancards passer devant moi en transportant toujours des corps avec dedans des êtres qui partent, d’autres qui arrivent. Dans cette salle spacieuse de la clinique des Cèdres, c’est le grand chassé-croisé des âmes dans leurs véhicules. Des âmes partent sans retour, des âmes partent faire un tour et reviennent, et des âmes restent. Chacun son tour. Chacun son destin !
Je suis à moitié réveillé, mon médecin vient me voir. Il décide que je peux être raccompagné dans ma chambre. Le brancard sort de cette salle. Il roule à vitesse modérée dans le long couloir qui mène aux chambres. Je ne sens pas encore tout à fait mon corps. Mais je ne suis pas non plus entièrement hors de lui, à coller au plafond, percer les murs et mettre la panique à tous les étages. Cette fois-ci, je suis bien sage.
Et beaucoup plus tard, je me suis souvenu avoir fait une sortie de corps vers la lumière lors d'une noyade avortée. J'avais onze ans. J'ai été entraîné par le courant à un endroit profond. Pour une raison indéterminée, je me retrouve au fond sans pouvoir remonter en surface de l'eau. J'ai perdu conscience. Je me voyais en train de monter dans une lumière merveilleuse. J'ai senti un bien-être et une paix inexpliquée au regard de la situation dans laquelle j'ai laissé mon corps.
Le lendemain, bien réveillé, lucide, je range cette expérience dans mon inconscient. Je considère que ce que j’ai vécu était une sorte de rêve hallucinatoire. Je remets en place mon logiciel habituel. J’active toutes mes applications d'ici-bas, je les mets à jour et c’est parti pour un autre épisode de vie. Je me replace dans ma croyance matérialiste. Je me réinstalle dans mon rationalisme. Je ne me pose plus de questions. La vie reprend son train, ou plutôt son TGV. Toujours plus vite.
Je n’ai plus repensé à cette expérience. Pour moi, ce n’était pas à proprement parler une expérience. C’était un rêve. Cinq ans plus tard, je découvre que le rêve, c’est bel et bien ce monde matériel qu’on voit tous les jours. Mon expérience était vraie.