Il y a une différence entre pratiquer la spiritualité dans un monastère et la pratiquer dans la vie de tous les jours au sein de la société. La pratique de la spiritualité dans un monastère repose sur la mise en œuvre d'un ensemble d'enseignements, le respect de règles établies, et la conformité à des traditions. Cela implique d'adhérer à des rites, des postures, et d'autres pratiques spécifiques. Il s'agit de se conformer à un système déjà défini dans ses moindres détails. Dans ce contexte, la spiritualité devient une institution avec ses sources, son histoire, ses traditions, ses règlements, son lieu, son infrastructure, ses acteurs, et ses adeptes.
C'est une institution qui conserve un héritage spirituel et le transmet de génération en génération. Ainsi, pratiquer la spiritualité dans ce cadre revient à intégrer et respecter la culture et les règles de l'institution. Pour un enseignant, cela signifie dispenser la spiritualité comme un enseignement. Pour un élève, un adepte ou un suiveur, cela consiste à recevoir et appliquer ces enseignements.
Cela peut sembler relativement simple. Tout est déjà établi : il suffit de s'imprégner des connaissances, de développer des convictions, et de les mettre en pratique. Dans ce cas, la spiritualité consiste à appliquer un enseignement existant et à le traduire dans la réalité sociale. C'est comme une école où l'on apprend des concepts que l'on met ensuite en pratique à travers des exercices. Ces enseignements façonnent des comportements et des attitudes conformes à la spiritualité enseignée. C'est le cas des monastères bouddhistes, des églises, des mosquées, ou de tout autre lieu de culte.
Les personnes qui fréquentent ces lieux sont souvent en quête de spiritualité, en recherche d'elles-mêmes, ou à la recherche d'un espace où se réconcilier avec leur être intérieur, loin des tumultes de la vie quotidienne. Elles cherchent la vérité, veulent comprendre qui elles sont, pourquoi elles existent, et ce qu'elles doivent faire. Elles aspirent à distinguer le bien du mal. Ces institutions leur offrent un enseignement, un ensemble de paroles et de discours issus de l'histoire, de la culture, et des recherches spirituelles. Ces discours sont produits par des êtres humains, comme tout le monde.
Ces institutions permettent de former et d'informer, mais elles peuvent aussi conduire à l'endoctrinement. C'est l'une des limites de l'enseignement spirituel institutionnalisé. Cependant, la spiritualité ne se limite pas aux institutions. Je dirais même qu'elle doit exister en dehors de ces structures. La vraie spiritualité n'a pas de lieu, pas de murs, pas d'institution. Elle est diffuse. Pour moi, la spiritualité est la mise en œuvre de l'énergie d'amour. Voilà ma définition.
L'amour étant inconditionnel et illimité, il ne peut être confiné dans une forme. Cette énergie d'amour existe dans l'univers, et l'univers existe en elle. Elle est partout, abondante, et vitale. C'est l'énergie qui donne vie, qui anime la nature, les forêts, les fleurs, les arbres et leurs racines. C'est l'énergie qui nous anime, nous donne l'envie de vivre, de nous lever chaque matin pour chercher de la nourriture, d'être heureux, et de vivre dans la joie. La spiritualité, c'est le déploiement de cette énergie dans sa plénitude. C'est ce qui permet à l'amour de s'exprimer sur Terre sans être déformé ou détourné.
Selon moi, c'est cela la spiritualité. Au-delà des enseignements, des conseils, ou des préconisations prodiguées par des spécialistes de l'histoire et de la culture spirituelle, la spiritualité dans son essence échappe à toute institution. Elle n'est pas un discours, ni un enseignement, ni un ensemble de conseils. Tout cela ne représente que des formes de déploiement de la spiritualité. Avant ces formes, la spiritualité est la mise en œuvre, le déploiement de l'énergie d'amour inconditionnel dans notre réalité terrestre.
La question qui se pose est : comment déployer cette énergie d'amour dans ma vie quotidienne ? Comment chacun de nous peut-il pratiquer cette énergie à travers ses actions de tous les jours ?
Ces questions nous amènent à réfléchir à notre posture. Dans la vie quotidienne, nous accomplissons des actes dictés par la société qui nous entoure. Nous travaillons pour gagner notre vie, faisons du sport pour entretenir notre corps, nous nourrissons pour survivre, et entretenons des relations pour vivre en société. Nous avons des projets, des souvenirs, et nous communiquons avec les autres. Mais à travers toutes ces actions, est-ce que je déploie l'amour inconditionnel ?
Comment, à travers ces actions, puis-je vivre ma spiritualité ? Comment puis-je mettre en pratique l'énergie d'amour inconditionnel ?
Cette question ne doit pas nous pousser à chercher des réponses rationnelles. Ce serait tomber dans un piège. Elle doit plutôt nous conduire directement vers le cœur, car c'est là que réside l'amour et cette énergie. Comment, à travers les actions quotidiennes, le cœur agit-il avec amour ou non ? C'est une question de vibration, de fréquence. Il ne s'agit pas de réfléchir à des idées pour les mettre en pratique, ni d'imaginer un scénario idéal. Il ne s'agit pas non plus d'aller dans un monastère pour apprendre ce qu'est l'amour et revenir le pratiquer en société. Il s'agit de vibrer l'énergie de l'amour.
Aller dans un monastère pour recevoir des enseignements, puis revenir en société pour les appliquer, ne garantit pas que nous vibrons l'amour. Certes, nous apprenons des choses nobles, nous développons des comportements en adéquation avec ces enseignements : aimer les autres, chercher à avoir de bonnes relations, éviter de faire du mal, et essayer de faire le bien. Ces actions sont nobles, mais le risque de rester dans un jeu mental est grand. Le risque de mal appliquer ces enseignements, de tomber dans l'endoctrinement, ou de devenir un simple suiveur est réel.
La mise en œuvre de l'énergie de l'amour ne peut pas être compatible avec une posture d'adepte ou de suiveur. Quand on est un élève ou un apprenti, on applique des enseignements sans nécessairement les vibrer. On est alors dans un jeu mental. La spiritualité véritable est une affaire de vibration, de cœur, et non de mental.
On peut n'avoir jamais reçu d'enseignement spirituel et vibrer pleinement l'amour de l'univers. À l'inverse, on peut passer des décennies à recevoir des enseignements sans jamais vibrer cet amour.
Bien sûr, une formation spirituelle est une bonne base, mais elle ne suffit pas à activer l'énergie de l'amour dans les actes quotidiens.
La vie quotidienne est traversée par des dualités, des contradictions, des oppositions, et des séparations. Nous sommes constamment tiraillés entre des énergies positives et négatives, entre l'amour et la peur. Dans chaque situation sociale, nous devons prendre des décisions, parfois basées sur l'amour, parfois sur la peur. Même dans les actes les plus banals, comme acheter un produit, nous sommes confrontés à ce choix : déployer l'énergie de l'amour ou celle de la peur.
Par exemple, face à un comportement agressif, comment réagir ? Par l'amour ou par la peur ? Si je suis dans l'énergie de la peur, je réagirai mécaniquement en renvoyant la même énergie négative. Mais si je suis dans l'énergie de l'amour, ma réaction sera différente.
D'abord, je cesse de focaliser sur la personne et son comportement. Je ne leur donne ni importance ni espace. Ce comportement négatif n'a aucune valeur ni impact. Ensuite, je considère que ce comportement est une expression des peurs de cette personne. Je lui donne le droit d'exprimer ses peurs, même si cela me déplaît. En ne me focalisant plus sur elle, je reste neutre. Je ne suis pas affecté, déstabilisé, ou influencé. Je reconnais que cette personne a le droit d'exprimer ses peurs, car elle n'a peut-être pas d'autre choix.
Ensuite, je choisis de répondre avec compassion plutôt qu'avec réactivité. Je me connecte à l'énergie d'amour en moi, et je la laisse guider mes actions. Cela ne signifie pas que je dois accepter ou tolérer un comportement nuisible, mais plutôt que je réponds avec une intention bienveillante, en cherchant à comprendre plutôt qu'à juger. Je peux poser des limites claires tout en restant dans une vibration d'amour, en refusant de laisser la peur ou la colère dicter mes réactions.
C'est dans ces moments-là, dans les interactions les plus simples ou les plus conflictuelles, que la spiritualité quotidienne prend tout son sens. Il ne s'agit pas de se retirer du monde pour méditer dans un lieu isolé, mais de rester ancré dans l'amour inconditionnel tout en étant pleinement engagé dans la société. C'est un défi de chaque instant, car la vie moderne nous expose constamment à des situations qui peuvent nous éloigner de cette énergie d'amour : stress, compétition, jugements, conflits, etc.
Pourtant, c'est précisément dans ces défis que réside l'opportunité de pratiquer la spiritualité au quotidien. Chaque interaction, chaque décision, chaque pensée peut devenir un terrain d'expression de l'amour inconditionnel. Cela demande une vigilance constante, une présence à soi-même et aux autres, et une volonté de se reconnecter à cette énergie fondamentale.
Pour y parvenir, il est essentiel de cultiver des moments de silence et de contemplation, même brefs, pour se recentrer et se rappeler que l'amour est la source de tout. Ces moments ne nécessitent pas de se retirer dans un monastère ou de suivre un rituel complexe. Ils peuvent être aussi simples qu'une respiration consciente, une pause pour observer la nature, ou un instant de gratitude envers la vie.
Enfin, il est important de reconnaître que la spiritualité quotidienne n'est pas un objectif à atteindre, mais un chemin à parcourir. Nous ne serons pas toujours parfaits dans notre capacité à déployer l'amour inconditionnel, et c'est normal. L'essentiel est de rester conscient de nos intentions, de nos vibrations, et de nos actions, et de continuer à avancer avec bienveillance envers nous-mêmes et les autres.
En conclusion, la spiritualité ne se limite pas aux institutions ou aux enseignements. Elle est avant tout une pratique vivante, une mise en œuvre de l'énergie d'amour dans chaque aspect de notre vie. Que nous soyons dans un monastère ou au cœur de la société, l'essence de la spiritualité reste la même : vibrer l'amour inconditionnel et le laisser guider nos pensées, nos paroles et nos actions. C'est ainsi que nous pouvons transformer notre quotidien en une expression authentique de notre être spirituel.
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