1-Mon voyage vers la mort



2013, j'étais à la clinique des Cèdres en banlieue Toulousaine, pour une intervention chirurgicale, la quatrième en l'espace de deux ans. On m’endort. Je sors de mon corps et je m’en vais dans l’au-delà. Je vis une expérience assez singulière que je n’ai conscientisée que six ans plus tard. Ce fut une expérience de mort qui a duré quelques instants sur terre, mais beaucoup plus de temps là-haut. J’ai rencontré des êtres remplis de lumière et d’amour, j’ai revu la trajectoire de mes vies, j’ai écouté le chant symphonique de l’univers, j’ai senti les vibrations de ses particules, j’ai vibré avec, j’ai incorporé une fleur, un papillon, j’ai vu la formule de l’univers, j’ai vu son secret.


Lorsque je suis revenu sur terre, j’ai refoulé cette expérience dans mon inconscient, pensant que c’était une hallucination due aux psychotropes qu’on m’a fait avaler et qu’on m’a injectés pour m’endormir. Mais cette expérience m’a poursuivi six ans durant. Elle m’a complètement transformé. Il a fallu attendre 2019 pour la conscientiser et comprendre les transformations qu’elle a occasionnées dans ma vie ; comprendre surtout que ces transformations étaient irréversibles.


Je partage cette expérience dans une  série d'enregistrements vocaux ainsi que d'articles dans mon blog. J’ai compris que je devais la partager. C’est une expérience singulière qui amène une nouvelle perception de l’univers, de l’homme et de la vie ; nouvelle pour moi, mais très ancienne dans notre ère. Une perception différente qui s’alimente des informations intuitives que l’univers nous partage avec générosité, mais qu’on ne peut intercepter que dans le silence, loin du bruit du mental et de la matière.


Dans ces enregistrements, je ne fais pas que restituer mon expérience de mort. C'est déjà fait dans ma vidéo « mon témoignage EMI ». J'essaie d'aller plus loin dans les détails. J'essaie d'analyser les aspects les plus profonds de cette expérience. Ce en partant de ces deux questions existentielles qui me préoccupent depuis mon EMI: pourquoi on est là ? Et pourquoi faire ?


Avant, je m’intéressais moins à ces questions qualifiées de “philosophiques” ou “ métaphasiques”. Je n’y voyais pas trop l’intérêt, alors qu’on peut vivre sans. Mon voyage dans l’au-delà, ma rencontre avec les êtres de lumière, le sentiment que le divin était tout prêt, m’amène à me reposer ces mêmes questions : pourquoi on existe ? Et pourquoi faire ? La première question vise la connaissance de l’être, la deuxième, l’action. L’être et l’action, tels, me semble-t-il, les clés de l’univers.


Certes, ce n’est pas dans la caverne que je trouverai toutes les réponses. (Platon désignait la vie sur la terre comme dans une caverne, dans son oeuvre célèbre "La République") Mais, comme aujourd'hui, je partage ma vie entre la caverne et l''univers; entre la matière et l'énergie, entre les êtres visibles et les êtres invisibles, entre le mental et la conscience, je chercherai les réponses à mes questions ici et ailleurs ; dans la caverne et au-delà de la caverne.


Jadis, la matière m'aveuglait. Aujourd'hui, mon expérience m’a ouvert les yeux ! Au-delà de la caverne, dans laquelle nous vivons, il y a l'univers dans sa grandeur et dans sa plénitude.

***


L’intervention a eu lieu un matin du printemps de 2013. Je me réveille tôt, je me prépare et attends le départ.


A tour de rôle, médecin, anesthésiste et infirmières viennent dans ma chambre, qui pour m’injecter des produits, qui pour me prendre les mesures classiques (température, tension, etc.), qui pour me dire qui ça irait bien et que je n’aurais pas à m’inquiéter, etc. A vrai dire, je n’ai pas l’habitude de m’inquiéter dans de pareilles circonstances, jamais.

Le tour des transporteurs – brancardiers - est arrivé. Je préfère les appeler transporteurs comme pour détacher un peu leur mission de l'outil de travail, brancard. A leur tour, fonction oblige, ils me rassurent et me mettent en confiance, quoi que je n’aie jamais été aussi serin et confiant.


J’arrive dans la salle d’attente. La température est très froide. Il semble que le froid chasse les microbes et les bactéries de tout genre. Je suis bien couvert. J’attends. Posé dans un coin de la salle, sur mon brancard, je vois passer et repasser les transporteurs, conduisant les vivants vers la mort et les morts vers la vie.

***


Mon tour arrive. On me conduit. Le personnel sont tous en tenus chirurgicaux, tête couverte de calots ou de charlottes. Ils portent un masque bleu sur le visage. A chaque fois que je suis dans cet endroit - et ce n’est pas la première fois -, j’ai cette impression d’être comme dans une gare de transite. C'est une gare où, une fois parti, on est jamais sûr du retour. A chaque fois, je prends mes dispositions au niveau mental (je me conditionne), pour le cas où je partirais sans retour. Mais je me dis que je ne serais pas là pour constater mon absence. Donc, il n’y a vraiment pas de quoi m’inquiéter. D’où ma sérénité, laquelle surprend infirmiers et médecins. Le tensiomètre valide cet état.


La salle ressemble bien à un hangar d’entreprise. Sont rangés, côte à côte, les brancards avec au-dessus des humains en état d’endormissement artificiel. On attend qu’ils commencent à en sortir pour les conduire dans la salle d’attente. Les transporteurs viendront les chercher pour les conduire à la vie. Ainsi, pourront-ils remarcher et poursuivre leur mission terrienne.


Une des choses les plus nobles, que notre civilisation a su créer, est cette parfaite solidarité des humains. L’organisation hospitalière le matérialise. Des humains en bonne santé, moyennant formation et expérience, se chargent de soigner des humains malades. Ils leur évitent d’aller vers la mort et les maintiennent en vie afin qu'ils poursuivent ce pourquoi ils étaient là initialement. C’est juste formidable. Des humains dont l’activité principale est de sauver les humains de la mort et leur permettre de vivre dans la caverne en bonne santé. Je ne sais pas si d’autres planètes nous font concurrence sur ce plan.


Quand je réfléchis à cette noblesse et je la mets en parallèle avec la capacité de ces humains à ne jamais vivre en paix et de toujours se faire la guerre, je me demande par quelle magie subtile, la caverne de Platon n’a pas sombré dans la matière noire. Les humains peuvent être très amis à l’hôpital ou chez Emmaüs et en même temps, ils sont capables d'être très ennemis sur un champ de bataille. C’est le propre de notre ère. Je me demande si d’autres espèces, qui vivraient sur d’autres planètes, seraient capables de réunir autant de contradictions ? Nous, oui.


Des êtres incarnés dans des corps de soldats guerriers se chargent de tuer et des êtres incarnés dans des corps de sauveteurs se chargent de sauver. Les uns tuent, les autres sauvent, redonnent la vie. Curieux quand on sait – si on le sait – que tous les êtres proviennent de la même origine, même source.


Bon, j’ai assez philosophé. Mon mental a du mal à arrêter son bavardage, comme toujours. Il lui faudrait vraiment une bonne dose de produits anesthésiques pour le calmer. C'est justement ce à quoi s'attache l’anesthésiste. Elle réalise les branchements prévus aux machines qui vont momentanément prendre le relais de mon cœur dans la poursuite de ma petite histoire sur terre. Vont-elles ruminer comme je le fais ? Rien n'est moins sûr !

Les psychotropes finissent d’éteindre mes derniers intercepteurs, l’un après l’autre. Je m’endors.






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Le retour à l'amour inconditionnel