Notre perception terrestre nous modèle, façonnant une vision de la puissance créatrice (Dieu ou autre...) comme une entité lointaine, extérieure à notre existence. Nous voyons Dieu comme une force inaccessible, située au-delà de notre monde, peut-être même au-delà de l'univers. Cette perception, largement inspirée des religions, nous pousse à croire que nous sommes des êtres inférieurs, séparés de cette puissance divine, perdus dans la souffrance et voués à l’esclavage de notre condition humaine.
Nous nous percevons comme des créatures imparfaites, chargées d'expier des fautes pour mériter une forme de salut. Mais cette vision repose sur une illusion : nous croyons à une séparation entre nous et la création, enfermant notre existence dans une idée de punition et de rédemption. Or, rien ne prouve cette séparation.
Tout semble avoir été dit à ce sujet. Les religions, fondées sur cette idée de distance entre nous et Dieu, nous exhortent à pratiquer la vertu, à prier, à aider autrui, dans l’espoir de nous rapprocher de cette force. Cependant, ces religions introduisent aussi une peur du châtiment pour toute obligation non remplie. Chaque tradition offre sa réponse, mais aucune ne s’accorde pleinement. Et ce désaccord est l’une des manifestations mêmes de notre souffrance terrestre.
Le désaccord persiste, toujours. Et paradoxalement, nous perpétuons cet état. C’est là le véritable poids de notre souffrance terrestre. Une souffrance transmise à travers les siècles, répétée de génération en génération, car nous croyons que c'est ainsi qu’il faut vivre. Nous héritons de cette souffrance et l’imposons à nos enfants, reproduisant les mêmes croyances, les mêmes schémas limitants. Nous alimentons cette souffrance collective et la transformons en une tradition où il semble normal d’être aliéné et de croire que la vie est un cycle immuable de lutte et de séparation.
Nous ne faisons pas que vivre avec cette souffrance, nous la normalisons. Paradoxalement, nous la transformons en quête de bonheur. Un bonheur que nous plaçons toujours hors de portée, persuadés qu’il ne peut advenir qu’après des épreuves ou des sacrifices. Pourtant, ce bonheur tant attendu n’arrive jamais. Et cette attente infructueuse engendre une ignorance profonde. Une ignorance qui, à son tour, devient une source renouvelée de souffrance.
Or, en réalité, il n’existe aucune séparation entre la puissance de création et ses créatures. Dieu n’est pas extérieur à nous ; nous sommes Dieu et Dieu est en nous. Nous sommes les porteurs, à notre échelle, de la source de la création universelle. Cette source n’est pas hors de portée : elle nous habite. La création ne se fait pas sans nous : elle s’exprime à travers nous, en nous. Nous ne sommes pas des spectateurs éloignés, mais des extensions de cette force créatrice. L’énergie qui anime l’univers circule en nous, tout comme elle traverse chaque être vivant, chaque entité de l’univers.
Prenons conscience de cette connexion profonde. Acceptons que nous sommes les canaux à travers lesquels la création prend forme. Nous sommes des manifestations éphémères d’une force intemporelle. Un jour, notre existence individuelle s’éteindra, mais la création poursuivra son chemin, dans une continuité ininterrompue, indifférente aux limites du temps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à me partager vos commentaires. Ils seront lus avec intérêt et j'y répondrai si besoin avec plaisir.