J’ai laissé derrière moi ma journée, passée à remplir mon devoir envers la société qui abrite mon corps; corps qui abrite mon âme-conscience.
Je suis en rendez-vous avec la nature. Il pleut et j’adore. Et quand il ne pleut pas, j’adore aussi. J’aime la nature telle qu’elle se présente à moi. Je m’interdis les choix de l’ego. J’aime la nature d’un amour non conditionné par les phénomènes de pluie, de vent ou de beau temps. Il ne s’agit pas d’un amour que je consomme comme une belle fraise coincée entre le printemps et l’été. C’est un amour libre de toute contrainte. Un amour du cœur. Un amour qui échappe aux mots et aux conventions. Il loge dans les entrailles de l’être que je suis et qui est moi. Comme j’aime la nature qui m’entoure, m’accueille, m’accepte et m’offre son silence à travers la percussion lente et majestueuse de ces gouttes de pluie !
Notre âge avance. Mais ce n’est qu’un âge. Notre corps vieillit, mais ce n’est qu’un corps. Nos yeux s’épuisent et voient flou. Ce n’est que pour mieux contempler vivre notre âme.
Un jour, nous mourrons. Ou plutôt, un jour, nous partirons. Parce que l’ego ne connaît que cette vie, il pleurera notre départ. Mais nous, nous le regarderons avec compassion et bienveillance. De l’autre côté, nous rejoindrons la planète des lumières et ses habitants.
Au début, comme ici-bas, nous serons des enfants apprenant à marcher. Des êtres lumineux nous guideront, nous enseigneront, nous accompagneront. Avec douceur, sans jugement, ils nous feront visiter la planète des consciences. Ils nous accepteront tels que nous sommes : des créatures qui errent en quête de vérité, des créatures qui se trompent et se corrigent, qui tombent, et qui se relèvent.
Là-bas, nous serons enfin purifiés, libérés de toutes les énergies nocives. Attirés par l’énergie de l’amour et de la lumière, nous serons unis à elle.
J’accepte. Je compatis. Je fais de la vie de tous les jours un monastère d’amour. Si le monastère ne peut pas devenir une société qui travaille et laboure, la société peut devenir un monastère par la conscience, par la compassion et par l’amour de l’univers.
J’ai passé ma journée à travailler pour donner à la société ce que je lui dois. J’espère avoir participé au bonheur des êtres. En tout cas, mon intention y est posée. Cette journée, j’ai fait ce qu’on attend de moi et j’ai quitté mon travail. Aurais-je choisi une autre façon de passer cette journée si j’avais eu le choix ? Ce n’est pas important. Ce n’est qu’une journée de sept heures dans l’éternité. Ce n’est que moi parmi un nombre infini de « moi ».
D’ailleurs, puis-je dire que je n’ai pas choisi cette journée ? Ce serait probablement faux. À un moment ou un autre, j’ai dû faire un choix qui m’a mis sur une voie. Et puis cette voie m’a mené, des années ou des vies après, à la journée d’aujourd’hui. Donc, est-il si important que ma journée se soit bien passée ? Cette importance est aussi éphémère que l’est ma journée. Je dois dire, tout compte fait, que je suis heureux d’avoir vécu cette journée. Elle me fait prendre conscience de mon existence. Elle est la preuve que je suis ici sur terre, aujourd’hui et maintenant. Je suis là pour la vivre et l’observer. Je suis là pour m’observer.
Compassion !